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APHM Marseille Journée expérimentale sur le « Soins aux hospitaliers »
Le trauma vicariant désigne l’ensemble des atteintes psychiques subies par celles et ceux qui accompagnent des personnes directement exposées à la violence, à la précarité, à l’exil. En écoutant des récits tragiques, en étant témoins d’injustices répétées, les “hospitaliers” absorbent une part de la souffrance des exilés. Ce processus entraîne fatigue émotionnelle, sentiment d’impuissance, désengagement progressif, voire symptômes proches de l’état de stress post-traumatique. Il ne s’agit pas d’un déficit de volonté ou de vocation, mais d’un effet normal face à une exposition prolongée à la détresse d’autrui. Si rien n’est mis en place, le risque est double : l’épuisement individuel et l’affaiblissement collectif des capacités d’accueil et de résistance collective à la violence qui gouverne.
La prévention et la prise en charge de ce trauma nécessitent des pratiques, des techniques, des paroles, des gestes, des lieux à inventer qui doivent être pensés comme autant d’outils structurels, non comme des recours exceptionnels en cas de crise. C’est ce que collectivement nous nous proposons de travailler : porter une attention nouvelle sur les traumas spécifiques que connaissent les « hospitaliers », mettre en partage les pratiques d’attention et les expériences d’accompagnement déjà mises en œuvre dans certaines organisations, inventer peut-être des pratiques collectives pour y faire face plus efficacement. In fine, ce travail collectif vise à explorer les effets possibles d’une entre-aide entre organisations et à sortir ainsi d’une définition soin comme stricte pratique individuelle ; mais aussi à travers la valorisation des expériences de chacune et chacun au regard du collectif, à renverser peut-être la lecture des faits et appréhender ce que l’on qualifiait de « traumas » comme autant de « compétences d’humanité » cruciales pour la collectivité. Ensemble, nous nous proposons donc de contribuer à l’écriture d’une politique d’hospitalité ne se réduisant évidemment pas au « soin aux hospitaliers », mais ne pouvant pas ne pas l’intégrer comme l’un de ses chapitres majeurs.